P/ART/ITIONS : de Gustave Eiffel à Marc Vogler : « ingénieurs et musiciens, créateurs d’harmonie » Futuroscope 2025

Olivier Berthelot-Eiffel et Marc Vogler Poitiers avril 2025

L’ADGE était l’invitée du « festival des Arts à l’écoles », qui s’est tenu au Futuroscope du 3 au 5 avril 2025 sous le parrainage de Ibrahim Maalouf. Plus de 6000 élèves de toute la France venus l’espace de trois jours vivre et partager leur amour de la musique et des arts. Dans ce cadre, Olivier Berthelot-Eiffel, président de l’ADGE a eu le plaisir d’introduire la conférence du compositeur allemand Marc L Vogler intitulée P/ART/ITIONS

 Festival des Arts à l’école Futuroscope – avril 2025 : de l’Art dans la partition, à Gustave Eiffel…. rencontres mathématiques et musicales

 

lorsque l’on pense à Gustave Eiffel, il est rare que, spontanément, vienne à l’esprit les mots « musique » ou « partition ».

Cependant la notation musicale peut devenir « monumentale ».

Et là, bien entendu, lorsque l’on évoque à Gustave Eiffel on pense souvent à un monument bien particulier, qui illumine le ciel parisien…. la tour Eiffel.

Lorsque nous avons rencontré Marc Vogler, il ne nous a pas fallu longtemps pour se convaincre le génie musical pouvait heureusement s’allier à l’ingénierie architecturale.

Car si l’on en revient aux bases : la musique et l’architecture sont éminemment mathématiques. Et si les mathématiques ne semblent pas vraiment pouvoir être la source de grandes émotions (sauf pour les mathématiciens !), rappelons-nous ce qu’écrivit Gustave Eiffel, en février 1887 en réponse à la pétition des artistes qui s’opposaient à la construction de la tour de 300 m : 

Je crois, pour ma part, que la tour aura sa beauté propre. Parce que nous sommes des ingénieurs, croit-on donc que la beauté ne nous préoccupe pas dans nos constructions et, qu’en même temps que nous faisons solide et durable, nous ne nous efforçons pas de faire élégant ? Est-ce que les véritables conditions de la force ne sont pas toujours conformes aux conditions secrètes de l’harmonie ?

Ainsi, pour Gustave Eiffel, les ingénieurs en calculant les paramètres de leurs constructions, peuvent être créateurs d’harmonie.

Qu’en est-il des musiciens ? Font-ils des mathématiques lorsqu’ils composent des suites harmoniques ?

Nous nous limiterons à deux références :

Gottfried Wilhelm von Leibniz a ainsi dit :

La musique est une pratique occulte de l’arithmétique dans laquelle l’esprit ignore qu’il compte. Autrement dit, les musiciens et les musiciennes sont comme M. Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme : ils et elles font des mathématiques sans le savoir.

Enfin, on attribue à Pythagore la phrase suivante : « La musique est le nombre rendu audible »

Pour résumer, on peut donc dire que des équations mathématiques sont bien créatrices de beauté, que ce soit pour un monument ou pour une œuvre musicale.

Mais cette beauté, lorsque l’on s’intéresse à l’œuvre de Marc Vogler est aussi une beauté visuelle. Ses partitions monumentales ne peuvent laisser indifférents. Il y a le Zollverein, le phare de Cornouan, Notre Dame de Royan et donc, la Tour Eiffel…

Regarder la partition de « Pour Eiffel » de Marc Vogler est comme entrer dans un calligramme où les notes ont remplacé les mots.

Lorsque l’on pense à des calligrammes hommages à la tour Eiffel, vient tout de suite à l’esprit le poème de Guillaume Apollinaire en forme de tour Eiffel :

Apollinaire

Ce calligramme tient en une phrase :

« Salut monde dont je suis la langue éloquente que sa bouche O Paris tire et tirera toujours aux allemands ».

Alors rassurons-nous, la Tour Eiffel ne tire plus la langue aux Allemands ! le temps a passé et l’amitié Franco-Allemande est désormais bien ancrée entre nos deux nations.

Et puis surtout, Marc Vogler a su répondre à Guillaume Apollinaire avec sa partition de « Pour Eiffel » :

Marc L Vogler "pour Eiffel"

Cette partition est toute en finesse, d’une beauté immatérielle.

Alors bien sûr, au tout début, on cherche le sens de la lecture qui n’est pas intuitive. Mais les plus belles œuvres musicales n’ont-elles pas toutes leur clé secrète ?

Dans Pour Eiffel, la clé est simple : il suffit de passer de la verticale à l’horizontale.

Pour Eiffel Marc Vogler Horizontale
Marc L Vogler "Pour Eiffel" Partition

Et là tout musicien retrouve son équilibre et peut entrer
dans la partition comme dans le monument.

Mais laissons la Tour Eiffel à la verticale, comme
l’anagramme d’Apollinaire et laissons notre œil s’imprégner de la sensualité de
l’écriture, de la beauté des lignes, de la parfaite association
finalement, entre l’harmonie visuelle née des calculs mathématiques de
Gustave Eiffel
pour la « Tour Eiffel » et, l’harmonie
née de l’arithmétique musicale de Marc Vogler dans « Pour Eiffel ».

Laissons-nous nous imprégner de leur fusion et écoutons. Le
vent qui souffle dans les arches de la tour Eiffel, les notes de musique de Pour
Eiffel, les collégiens captivés par la conférence de Marc Vogler, il est des
temps ou le temps suspend son vol.

Le festival des Arts à l’Ecole fût de ceux-là.

© Olivier Berthelot-Eiffel – Président de l’ADGE

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