Rencontre avec la Maire de Dijon et conférence à l’OIV

Le 8 février, une délégation de l’ADGE s’est rendue à Dijon pour le lancement d’une cuvée commémorative du centenaire et une conférence à deux voix sur Mélanie et Gustave Eiffel, qui s’est tenue dans le cadre  prestigieux de l’Organisation internationale du vin et de la vigne.

Cette journée fut l’occasion d’une rencontre avec Mme Nathalile Koenders, Maire de Dijon avec laquelle nous avons échangé sur Dijon, la ville des deux Eiffel, tant les succès de Gustave Eiffel furent étroitement liés à son enfance dijonnaise et à la réussite de sa mère, Mélanie Eiffel, qui fût au tout début du 19ème siècle une entrepreneuse dijonnaise hors pair, à une époque où les femmes étaient invitées à rester dans leurs foyers.

L’article qui suit retourne sur cette journée, avec un focus particulier, sur la mère de Gustave, Mélanie Eiffel, née Moneuse.

Retour sur la visite de l’ADGE à Dijon le 8 février 2024 : rencontre avec la Maire de Dijon et conférence à l’OIV à l’occasion du lancement d’une cuvée commémorative du centenaire

Comment bien conclure une année de commémoration, si ce n’est en l’ouvrant sur de nouvelles perspectives ?

2023 fût une année ou l’ADGE fut active dans sa défense de la mémoire de Gustave Eiffel, dont nous commémorions le décès, intervenu rue Rabelais, à Paris, le 27 décembre 1923.

Quatre-vingt-onze années avant, Mélanie Eiffel donnait naissance à Gustave, le 15 décembre 1832 à Dijon.

Gustave Eiffel était un enfant de la bourgogne. Un enfant de Dijon. Un enfant qui découvrit le vin en la compagnie de M. Ouvrard, père du propriétaire du clos Vougeot qui lui fit une visite du Clos dont il fit part avec enthousiasme dans une lettre à ses parents de septembre 1842 (il avait alors 9 ans) : « Ma chère maman, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. M. Ouvrard père […] m’a emmené voir le clos. J’ai déjeuné avec lui. Il m’a montré comment se faisait le vin. Il m’en a fait boire beaucoup » !

Dosithée Yeatman-Eiffel et nathalie Koenders, Maire de Dijon

C’est en pensant à ce courrier et à ses racines dijonnaises que l’ADGE a souhaité lancer une cuvée commémorative de Bourgogne Dijon, comme un hommage à la ville natale de notre aïeul et de sa mère, Mélanie, sans qui rien n’eut été possible.

Jean-Luc Theuret, président des vignerons de Bourgogne Dijon, Dosithée Yeatman-Eiffel, arrière arrière petite fille de Gustave Eiffel, et Olivier Berthelot-Eiffel, président de l’ADGE au siège de l’OIV

Mélanie Eiffel fut en effet épouse et mère, mais elle fut avant tout une cheffe d’entreprise à une époque où le code napoléon cantonnait les femmes à leur conditions…de mère et d’épouse. Une époque où une ordonnance du préfet de Paris interdisait aux femmes de porter le pantalon (ordonnance du préfet de police Dubois n°22 du 16 brumaire an IX [7 novembre 1800], intitulée « Ordonnance concernant le travestissement des femmes »). Pour mémoire, cette ordonnance visait à limiter l’accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l’image des hommes.

Mélanie Eiffel

Si nous ne disposons pas de photographies de Mélanie Eiffel en pantalon, nous savons en revanche qu’elle fut une remarquable cheffe d’entreprise qui, en l’espace de 10 ans transforma le commerce de vente de bois de son père en une entreprise aux multiples établissements rayonnant sur toute la Bourgogne et jusqu’à Paris. Comme le dit Gustave Eiffel dans les mémoires qu’il écrivit à l’attention de ses cinq enfants : pour augmenter leurs ressources communes mon père obtint un emploi à la préfecture de la côte d’or. Ma mère de son côté, chercha une occupation dans le commerce, capable d’ouvrir un champ plus large et plus lucratif à son activité et à son remarquable sens des affaires.

Elle est une véritable entrepreneuse, assurant les négociations commerciales, mais aussi la gestion humaine de son activité ; Pour se donner une idée, l’entreprise de Mélanie Eiffel dispose d’entrepôts à Dijon, Saint-Jean de Losne, Chalon et Auxonne. Elle transporte aussi bien du coke, que du plâtre, des bouteilles, de l’huile d’éclairage, des tonneaux et caisses de vins. Son entreprise possède des péniches dont les deux premiers s’appelleront « le beau Gustave » et la « petite Marie » ; Si l’entreprise a pris le nom d’Eiffel, c’est bien Mélanie qui est à sa tête, c’est son prénom que l’on voit sur les contrats, les livres de comptes, les lettres de créances.

Cheffe d’entreprise, épouse, mère, Mélanie est tout cela mais avant tout elle est une femme. Ce qui au 19ème  siècle, mais, en vérité dans aucun siècle, n’est pas sans impact.

Qu’est-ce qu’une femme ? C’est une là une question insoluble à laquelle je n’oserai répondre. Si ce n’est qu’une femme est, avant tout, un être humain. Mélanie Eiffel a été une épouse heureuse en ménage, une mère d’enfants qui firent sa fierté, une femme d’entreprise à succès. Elle sut profiter des progrès du 19ème siècle tout en s’affranchissant des entraves qui auraient pu peser sur sa condition de femme. En ce sens, Mélanie Eiffel est un exemple pour les femmes d’aujourd’hui : être soi, ne pas subir le joug masculin, tout en ne rejetant pas les hommes mais en ayant bien une vision égalitaire de l’humanité.

C’est ce que fut Mélanie Eiffel, mon aïeule. Elle n’aurait pas enfanté Gustave, elle aurait mérité de par sa simple vie de nombreux hommages et qui sait une rue à son nom, non pas en tant que mère de Gustave Eiffel, mais pour ce qu’elle a été et représente encore aujourd’hui pour la cause féminine et l’égalité des genres : un exemple ; une référence.

Et voilà une nouvelle perspective : poursuivre nos actions de préservation et de promotion des œuvres et actes de Gustave Eiffel, mais aussi de travailler à développer la mémoire de Mélanie Eiffel née à Dijon. Dijon, la ville des deux Eiffel.

Olivier Berthelot-Eiffel, Président de l’ADGE

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